Après avoir nourri de promesses les membres du CHSCTMESR pendant deux ans et demi, le ministère vient de s’apercevoir qu’au fond elles étaient inutiles puisque - pour reprendre les termes de l’arrêté du 27 octobre 2014 - aucun des établissements de l’ESR ne présente d’ « enjeux particuliers en termes de risques professionnels ou couvrant un grand nombre de sites dispersés sur au moins deux départements ». Il n’y a donc pas lieu qu’il établisse une liste de CHSCT dont les membres bénéficieraient du barème majoré d’autorisations d’absence prévu par l'arrêté et le protocole d'accord du 22 octobre 2013 relatif à la prévention des risques psycho-sociaux.
Cette grande découverte a été annoncée aux organisations syndicales conviées à une réunion de « concertation » le 4 avril sur les moyens des CHSCT, et confirmée le 12 avril par le ministère au CTMESR lors de l'examen d'un projet d'arrêté sur les modalités d’utilisation du contingent annuel d’autorisations d’absence des membres de CHSCT de l'ESR.
La seule surprise, c’est bien que le cabinet de la ministre ait mis aussi longtemps à se souvenir que les universités, les organismes de recherche, les écoles d’ingénieurs, les IUT et autres établissements dont il a la tutelle sont tous mono-sites et ne comportent pas de bâtiments recevant du public, ni bien sûr de bâtiments amiantés. On sait aussi depuis longtemps qu’aucun de ces établissements n’abrite d’installations nucléaires, que depuis belle lurette on a mis tous les lasers au rancart et que personne ne songerait à y manipuler des produits chimiques dangereux. Sont totalement infondées les rumeurs selon lesquelles des biologistes utiliseraient des sources radioactives ou se livreraient - horresco referens - à des expériences sur les prions, le HIV, l’anthrax ou le virus Ebola. Il y a bien des nanomatériaux et des OGM, mais rien ne prouve que ce soit vraiment dangereux. Et c’est en vain qu’on chercherait des installations industrielles dissimulées dans des IUT ou des écoles d’ingénieurs. Enfin, c’est un vrai plaisir de constater que les risques psycho-sociaux sont à peu près inconnus dans l’ESR, sûrement grâce à une politique de ressources humaines empreinte de "bonnes pratiques", qui sait en particulier anticiper et conduire avec doigté les rares opérations de restructuration dictées par la nécessaire poursuite de l’excellence.
Voilà donc les personnels de l'ESR rassurés : les CHSCT de nos établissements géographiquement resserrés et sans dangers spécifiques n’ont pas besoin de moyens supplémentaires, dont ils ne sauraient que faire. La santé au travail étant certainement un souci majeur de notre ministre, il ne fait aucun doute qu’au cas (certes improbable) où des risques professionnels viendraient à surgir dans le paisible périmètre de son ministère, elle n’hésitera pas à réexaminer aussitôt la situation et à accorder toutes les facilités nécessaires aux CHSCT des établissements concernés, suivant l’exemple de ses collègues moins heureux de l’Agriculture (1), de l’Intérieur(2), de la Défense(3), de la Justice(4), du travail(5), de la Culture et de la Communication(6).
SNESUP-FSU
SYNDICAT NATIONAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(1) Plus de 30 majorations (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030920340&categorieLien=id)
(2) 23 majorations (https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/12/30/INTF1531521A/jo)
(3) 161 majorations dont l'office des anciens combattants (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031123166&categorieLien=id)
(4) https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/10/5/JUSE1521124A/jo
(5) chacune des 22 Directe (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032294405&dateTexte=&categorieLien=id)
(6) 88 majorations dont de nombreuses écoles (https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/12/29/MCCB1522364A/jo)