Au Bourget, les enseignant(e)s du Lycée Germaine Tillion, associés aux autres personnels de l’établissement ainsi qu’aux représentants des parents d’élèves, ont voté la grève de manière massive en cette rentrée 2017.
Cet établissement rejoint en cela l’action de nombreux autres lycées de Seine Saint-Denis, qui entament l’année par une mobilisation sociale, reflet de leurs inquiétudes et de leurs colères.
Au terme d’un été marqué par le fiasco du logiciel Admission post-bac, qui a d’abord pénalisé les élèves qui n’ont pas les moyens de trouver de recours dans les établissements privés, la rentrée des lycéens se fait dans une atmosphère anxiogène, en particulier au sein de notre territoire, marqué par la diversité de ses publics, mais surtout de ses précarités.
Ainsi, alors que le lycée du Bourget a été ouvert en 2014 pour pallier la surcharge des effectifs des établissements environnants, il a immédiatement rencontré les mêmes difficultés que ses voisins, sans réellement soulager les lycées du secteur. En effet, l’institution a été incapable de s’adapter à la réalité, pourtant connue depuis longtemps, de la montée démographique dans le département.
Le lycée n’a reçu aucun classement, alors qu’il est situé dans des quartiers récemment entrés en “Politique de la ville”, accueillant ainsi 35 élèves dans la majorité de ses classes, notamment en seconde.
Quelles que soient les catégories, le nombre de personnels est insuffisant. Les différentes institutions de tutelle, Région Ile-de-France comme Rectorat de Créteil prétendent depuis trois ans qu’un “rattrapage” des moyens serait effectué, une fois que le lycée aurait atteint son effectif complet.
La première cohorte d’élèves a passé son baccalauréat en juin dernier, et l’heure est au bilan :
- Une vie scolaire toujours sous-dotée en CPE comme en surveillants,
- Un nombre d’enseignants insuffisant
- Un pôle médico-social affecté seulement à mi-temps
- Des agents surmenés et non remplacés le cas échéant
- Des emplois aidés susceptibles de ne pas être reconduits
- Un personnel contractuel de plus en plus nombreux et précarisé
- Etc, etc, etc.
Il apparaît comme impossible au personnel du Lycée Germaine Tillion d’assurer ne serait-ce que la sécurité de ses élèves dans un établissement surchargé, dont l’équilibre s’en voit fragilisé.
Cette réalité est malheureusement tristement banale. Des collectifs se forment dans le département et attestent d’une rentrée particulièrement difficile.
Le Ministère de l’Education nationale prétend pourtant encourager l’amélioration du climat scolaire, favoriser le travail en équipe, et soutenir l’innovation pédagogique. Au regard de cet affichage et de ces effets d’annonce, la situation du Lycée Germaine Tillion est pour le moins ironique. Cet établissement de secteur, situé au nord de la Seine Saint-Denis, a reçu, pour son projet expérimental, le Prix national des écoles et établissements innovants des mains de la Ministre en mars dernier, s’est vu honoré par un Rectorat toujours prompt à communiquer sur ses “réussites”… mais n’obtient toujours pas, après de nombreuses audiences, le mínimum de moyens qui lui permettrait de fonctionner dans le respect le plus strict des exigences d’une école réellement équitable.
Si nous avons parfois accepté de servir de “vitrine” à une institution qui aime à encourager les émergences, il nous est désormais insupportable de devenir l’alibi d’une politique indigne de l’école républicaine, alors que nous manquons cruellement de moyens.
C’est pourquoi nous avons dû expliquer à nos élèves, comme à leurs parents, que nous n’assurerions pas la rentrée dans de telles conditions
Le Lycée Germaine Tillion du Bourget (93) est en grève dès la rentrée.
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